Le jardin d’Ansgar
Dans l’ombre des légendes, loin des grands chemins, l’odyssée d’un moine pour sauver son monde…
– Et toi, Ragnar, connais-tu une de ces romances qui traversent le temps ?
Alors le vieil homme sourit avec fierté et s’éclaircit la gorge.
– La plus belle de toutes, Ansgar, la « Saga de Thou et Thar » :
Dans les rues de Vik, aux pierres usées par l’âge,
Vivaient deux hommes aux destins opposés,
Thar le bourgeois aux poches pleines d’or,
Thou le cynique riche de son seul corps.
Thar chérissait raison, culture et savoir,
Dans son manoir cossu, forgeait son pouvoir,
Ami des puissants, modeste en prestige,
La ville entière enviait son prodige.
Thou, immuable, ancré sous le Vieux Frêne,
Tel un arbre pensant, oiseaux pour seuls amis,
Dormait sur la même place, été comme hiver,
À qui le questionnait, répondait cynique.
Deux vies parallèles, jamais ne se croisant,
L’un prince de Vik, l’autre roi des rues,
Thar proche des puissants,
Thou ami des rats.